Philosophie de FDP- Pôle recherche :

 

« C’est d’une autre identité qu’il doit être question aujourd’hui, à la veille d’un nouveau millénaire. Une identité qui permettrait de conjuguer la spécificité culturelle de chacun et les grandes exigences de la fraternité humaine, à propos de l’injustice, des abus de l’enfance, des mauvaises conditions réservées aux femmes, à propos des guerres modernes dont les premières victimes sont civiles, à propos du déséquilibre économique mondial et de ces nouvelles frontières intérieures dressées contre la pauvreté, à propos des dangers que les puissances industrielles font courir à l’environnement. » (Extrait de l’Allocution (1) de J.M.G.Le Clézio lors de la remise du titre de Docteur en Lettres Honoris Causa de l’Université de Maurice).

 

Nous avons une bonne part de responsabilité dans ce que nous avons à faire et à vivre ensemble. Pour cela, nous nous engageons à :

rendre visibles nos initiatives de développement durable que nous comptons mener, en tant qu'intellectuels, parallèlement aux activités des membres actifs de l'Association Foyer de Paix Grands lacs.

 

En effet, maintenant, il nous faut des actions de vulgarisation raisonnée, capable de contribuer au « mieux être », dans nos milieux appauvris par les événements et/ou par l'ignorance : à part les réalisations visibles de Foyer de Paix (au Rwanda et à Bukavu), nous avons pensé ouvrir un chantier, un "laboratoire de recherches pluridisciplinaires" qui  propose des initiatives de transformations socio-économiques. Elles seront concrètes et adaptées prioritairement aux vrais besoins des populations rurales.

 

Nous tourner d’abord vers les élites régionales de grands-lacs, ensuite vers la diaspora dont la distance géographique serait un atout de solidarité et d’efficacité d’analyse pragmatiques. Un réseau de solidarité inventive, à l’instar des pays de l’Afrique occidentale, serait les prémices d’un plan Marchal dont cette région longtemps sinistrée aurait besoin.

Enfin, nous proposerons ce chantier à toutes les personnes qui voudront apporter leur pierre à l’édifice, par leurs talents et par leur amitié au-delà des frontières.

 

(1)

Allocution de J.M.G.Le Clézio lors de la remise du titre de Docteur en Lettres Honoris Causa de l’Université de Maurice.

« Etre d’une culture, ce n’est pas être d’une couleur de peau, d’une couleur d’yeux ou d’une couleur de vêtements. Etre d’une culture, c’est être d’une langue, d’une mémoire, c’est se construire avec ces merveilleux moyens de connaissance et d’introspection que sont la littérature et les arts.

Un homme, une femme qui n’auraient à leur disposition pour connaître le monde que leurs cinq sens seraient dans la situation que décrit la parabole du philosophe soufi Jalal el-Din Roumi, dans laquelle trois hommes enfermés dans l’obscurité doivent rendre compte de leur rencontre avec un éléphant. L’un parle de colonnes parce qu’il a touché ses pattes, le deuxième d’éventails parce qu’il a touché ses oreilles, et le troisième d’un serpent parce qu’il a trouvé sa trompe.

La grande question de l’identité se pose à chacun de nous tôt ou tard. Doit-on construire son identité sur une territorialité, sur une communauté historique, sur une caractéristique tribale ou culturelle? Alors se multiplient les barrières, les exclusions. C’est concevoir une littérature qui serait seulement au service d’une seule communauté, et qui ne pourrait que relater la chronique d’une expérience particulière. Comment pourrait-on lire Proust sans être né à Paris, Faulkner loin du comté de Yoknapathawpa ( Mississippi ), comment lire Marcel Cabon sans être de l’océan Indien? Les exemples récents nous ont montré les dangers de l’exclusion, et les horreurs que peuvent générer le nationalisme et la confiance aveugle dans la pureté ethnique, ou dans un intégrisme religieux.

C’est d’une autre identité qu’il doit être question aujourd’hui, à la veille d’un nouveau millénaire. Une identité qui permettrait de conjuguer la spécificité culturelle de chacun et les grandes exigences de la fraternité humaine, à propos de l’injustice, des abus de l’enfance, des mauvaises conditions réservées aux femmes, à propos des guerres modernes dont les premières victimes sont civiles, à propos du déséquilibre économique mondial et de ces nouvelles frontières intérieures dressées contre la pauvreté, à propos des dangers que les puissances industrielles font courir à l’environnement. »